j23 pisze:Text dostalem w postaci jpeg - wyslalem do Lux-Teamu z prosboa o dodanie w naturalnej wielkosci.
Niestety przesłanego nam pliku nie da się w tej formie zaprezentować, więc poddaliśmy go działaniu OCR-a i mamy oto tekst (proszę wybaczyć literówki wyprodukowane przez OCR-a oraz spowodowane nieakceptowaniem francuskich akcentów przez edytora).
Réflexions d'une prof polonaise
ANNE FRANCOIS-KOS
EE Luxembourg
Lorsqu’un étudiant venu de Pologne prend ses quartiers a l’Ecole européenne de Luxembourg, le moins que l’on puisse dire est qu’il se sent quelque peu dépaysé. D’abord le gigantisme de l’établissement: des milliers d’éleves, des kilometres de couloirs, des dizaines et des dizaines de classes: il y a de quoi attraper le tournis ! Ensuite, il y a la barriere de la langue. Les étudiants polonais sont encore trop peu nombreux pour pouvoir bénéficier d’une section a eux. Ils doivent donc choisir parmi les sections existantes pour la plupart des cours. Beaucoup choisissent l’anglais. Mais, pour bon nombre, la difficulté reste importante car, en Pologne, la connaissance des langues étrangeres demeure tres aléatoire. Heureusement, ces jeunes se retrouvent dans nos classes polonaises lesquelles, j’ai pu le constater depuis deux ans, font réellement office de refuge. Meme en dehors des cours, nos étudiants polonais aiment se retrouver dans ma classe. Car j’ai le privilege de disposer d’un local fixe, que j’ai pu agencer et orner a ma guise, avec beaucoup de photos et des cartes, a la maniere polonaise.
En outre j’ai réussi, grâce a l’aide du Ministre polonais de l’Education nationale et a la Fondation Semper Polonia, a constituer gratuitement une bibliotheque tres complete et comportant notamment tous les dictionnaires indispensables pour l’exercice des cours.
Ces jeunes viennent régulierement me demander des conseils pour les aider a régler des problemes de tout genre: un cours qu’ils n’ont pas bien compris, une démarche administrative qui les perturbe. J’ai parfois l’impression d’etre non seulement leur prof mais aussi leur maman. Cela ne m’ennuie pas, bien au contraire. A noter cependant que j’ai pu vérifier qu’avec le temps, le dépaysement des étudiants polonais s’estompe. Surtout grâce aux contacts qu’ils établissent avec leurs condisciples et singulierement lors des épreuves sportives. Au foot, il n’y a plus de barrieres. A vrai dire, pour les professeurs aussi l’adaptation n’est pas toujours aisée; le gigantisme joue pour eux également. Malgré la solidarité que manifestent spontanément les autres profs, et l’aide qui, de leur part, ne fait jamais défaut, on a parfois le sentiment d’etre isolée. De plus, on ne connaît pas vraiment, géographiquement, son école. Ainsi, il a fallu que je sois amenée a piloter une équipe de la TV polonaise qui effectuait un reportage sur nos étudiants pour que je découvre, non sans tâtonnements, nos salles de sports par exemple, ainsi que les magnifiques salles de l’école primaire et de l’école maternelle. Ne serait-il pas utile que tous les nouveaux profs consacrent, au moment de leur arrivée, une journée entiere s’il le faut, a visiter l’ensemble de l’établissement, fut-ce pour en connaître toutes les possibilités?
Adaptation difficile aussi en ce qui concerne les cours. Ainsi, en Pologne, les études secondaires sont divisées en deux sections: la section inférieure ou le gymnase et la section supérieure ou le lycée; la littérature est enseignée de maniere thématique au gymnase et de maniere chronologique au lycée. Dans les écoles européennes, le systeme est différent et l’on commence, des apres les primaires, par l’enseignement de la littérature de maniere chronologique. Je ne veux pas ici me prononcer sur le bien fondé de l’une ou de l’autre méthode. Pour le prof, concretement, cela suppose une adaptation car on ne s’adresse pas aux éleves de premiere secondaire comme a ceux qui sont dans les classes supérieures.
Une des plus importantes difficultés rencontrées fut certes la préparation des questions du bac. En Pologne et dans d’autres pays d’ailleurs, ces questions sont préparées par un collectif de spécialistes. Ce n’est pas le cas dans les Ecoles européennes; de sorte que j’ai du me débrouillée seule, grace cependant a l’aide des experts du <<bac>> polonais et aussi grâce aux enseignements que j’ai pu retirer d’un stage spécialement organisé a cet effet, en Pologne, a l’initiative de Mme Mazur, l’inspectrice polonaise délégué aux Ecoles européennes. Tout cela est évidemment un probleme d’adaptation et l’adaptation est le propre de l’homme! Et de la femme cela va de soi!
D’ailleurs, cette adaptation est d’autant plus aisée que les moyens mis a disposition des profs sont vraiment extraordinaires lorsqu’on les compare avec ceux dont on dispose généralement dans d’autres établissements scolaires.
Cette adaptation est également facilitée grâce au développement des relations sociales au sein de l’école. J’ai vécu personnellement le cas d’une jeune étudiante polonaise qui a perdu sa maman alors meme qu’elle était déja orpheline de son pere. L’élan de solidarité qui s’est manifestée a cette occasion, de la part de tous ses profs, fut absolument remarquable. Certains lui ont proposé de l’héberger, d’autres de l’aider a régler ses problemes de successions, d’autres encore l’ont épaulée pour lui trouver une bourse d’études universitaires en Grande-Bretagne. Malgré le malheur qui venait de la frapper si durement, elle a réussi brillamment son baccalauréat!
Relations sociales aussi, entre profs, lors des différentes fetes nationales; bien que n’étant qu’une toute petite sous-section, j’ai tenu a m’inscrire dans ce mouvement et j’ai amené les parents de mes éleves a y participer. Par ailleurs, je viens de réussir, pour la deuxieme année consécutive, a célébrer chez nous la <<journée des professeurs>> qui est une tradition polonaise depuis que, le 14 octobre 1773, la Pologne s’est dotée, pour la premiere fois en Europe et au monde, d’un ministere chargé spécifiquement de l’éducation des jeunes et de l’enseignement. Chaque année donc, a cette date, les profs sont a la fite: fleurs, bonbons, chocolats et autres confiseries. Dieu sait, cela pourrait peut-etre devenir un jour une tradition dans les Ecoles européennes. Je l’espere en tous cas car, de nos jours, les profs ont bien besoin d’etre parfois a la fete !
Puisque nous sommes dans une école européenne, je me dois de vous dire enfin ou j’ai le mieux senti l’esprit de l’école, le souffle européen: c’est lors de la remise des prix aux baccalauréats. Tous ces jeunes, venus des quatre coins d’Europe qui, appelés a la tribune pour recevoir leur diplôme, se faisaient acclamer par tous leurs condisciples. C’est la que l’on a senti que l’Ecole ne formait qu’un et l’on n’a pas pu s’empecher de frissonner lors de l’exécution de l’hymne européen. Alors la, l’Ecole vibrait. Et l’Europe avec elle. Ce sont de tels moments qu’il faudrait multiplier a l’échelle populaire, afin de rendre a l’Union européenne, le coeur, l’esprit et l’espoir qui la portaient lors de sa création. L’Europe doit vibrer et faire vibrer les Européens.
A ce propos, une petite suggestion: lors de cette remise des prix, on a vu certains étudiants affublés de la casquette des baccalauréats scandinaves; d’autres portant la traditionnelle coiffe américaine. Pourquoi pas une coiffe conçue spécialement pour les éleves des écoles européennes et qu’ils seraient fiers de pouvoir porter? Un détail peut-etre mais c’est par tous ces détails que se crée l’esprit européen.
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